- ANÉMOCHORIE
- ANÉMOCHORIEANÉMOCHORIEDissémination, par l’intermédiaire du vent, des fruits et des graines de plantes à fleurs, et, plus généralement, des spores et d’autres formes de dispersion des espèces vivantes. Parmi les caractères morphologiques favorables à l’anémochorie, la petitesse et la légèreté des semences et des germes constituent une possibilité simple et efficace. Ainsi se trouvent dispersées dans les airs, outre les spores de bactéries ou les kystes de protozoaires, des spores de champignons, les graines fines comme de la poussière de nombreuses orchidées, etc. Certaines espèces de cette dernière famille ont des graines pesant seulement de 5 à 10 millièmes de milligramme. Chez les végétaux inférieurs, les thalles du lichen Lecanora esculenta peuvent se détacher des rochers et être roulés par le vent: c’est la «manne du désert» d’Égypte et d’Arabie. Toutefois, le poids n’est qu’obstacle relatif à la dispersion par le vent, qui peut porter au loin des individus entiers (insectes). Il arrive même que des ouragans aspirent en l’air grenouilles, poissons et autres animaux aquatiques qui retombent parfois dans des étendues d’eau isolées, ainsi enrichies. Chez les plantes à fleurs, l’anémochorie implique en général des dispositifs morphologiques particuliers. On en trouve dont la forme rappelle plutôt les planeurs nés de l’invention humaine, d’autres plutôt les parachutes. En vol plané, la semence, glissant sur l’air, parcourt une certaine distance à partir de la plante mère; il en va de même avec le type parachute, dès lors que le vent dévie de la verticale la chute ralentie. Les semences qui planent, fruits ou graines ailés, comportent autour d’elles une membrane tendue, souvent soutenue par une nervure renforcée. Dans une première forme, symétrique, la membrane existe tout autour du fruit ou de la graine, le centre de gravité coïncide à peu près avec le centre de pression: un vol glissé en résulte, c’est le cas des fruits de l’orme, du bouleau, de la spergule, de l’angélique. Le record de taille est détenu par une liane de l’Insulinde, Macrozanonia , dont la graine ailée peut atteindre 15 cm sur 7. Dans une seconde forme, asymétrique, le fruit est placé à l’extrémité de l’aile, parfois hélicoïdale, le centre de gravité est éloigné du centre de pression: la semence tombe avec un mouvement en hélice, bien connu chez les fruits du frêne et de l’érable, chez les graines des pins. À cette forme, on peut aussi rattacher les fructifications du tilleul, dont la grappe de fruits est liée à un rameau doté d’une aile membraneuse. Observation remarquable: la géométrie des planeurs végétaux répond aux nécessités physiques de leur efficacité: envergure importante et largeur faible, masse suffisante (quoique le vol de certaines semences soit amélioré par léger lestage). Les semences à parachutes sont plus ou moins perfectionnées. Chez de nombreuses espèces, elles sont revêtues d’une bourre ou d’un réseau de poils ou filaments longs et abondants, souvent ramifiés en appendices plumeux: graines de laurier-rose, d’épilobe, de tamaris, de saule et de peuplier; les graines de ces deux derniers arbres donnent à maturité ces flocons d’ouate si abondants dans l’air fin mai ou début juin dans nos pays. Les graines du cotonnier sont revêtues de longs poils cellulosiques (le coton). On trouve ensuite des fruits ou graines munis d’une touffe de poils longs à une extrémité: fruits de roseau ou de linaigrette, et surtout ceux de nombreux représentants de la famille des composées (où la touffe poilue est le pappus): asters, érigérons, épervières, tussilages, divers chardons, crépis, scorsonères, etc. Un perfectionnement apparaît dans cette même famille: un axe plus ou moins long entre l’aigrette et la masse principale du fruit contenant la graine. C’est le cas des fruits de laitue, de certaines espèces de crépis, surtout de ceux, bien connus, du pissenlit et des salsifis. Un véritable parachute est réalisé, stable et équilibré par l’abaissement du centre de gravité. Différence notable avec les parachutes humains, qui sont à cupule concave vers le bas: les parachutes végétaux sont à surface freinante plane ou concave vers le haut. L’aigrette peut aussi s’allonger en très long fouet, comme sur les akènes des benoîtes, des clématites, des anémones. Chez les becs-de-cigogne (genre Erodium ) ainsi que chez une graminée, la stipe plumeuse, qui poussent dans nos pays, les akènes présentent un long fouet, plumeux dans sa moitié supérieure et tordu en hélice dans sa moitié située côté graine. La portion hélicoïdale est, par temps humide, à l’origine de mouvements pouvant aider la graine à s’enfoncer en terre. Ces mouvements d’origine hygrométrique se retrouvent chez les graines de saule et de peuplier ou le pappus des composées: la touffe de poils s’épanouit par temps sec, aidant à la dispersion. La spore des équisétinées possède des expansions (ou élatères) qui fonctionnent de façon comparable.
Encyclopédie Universelle. 2012.